L'histoire des cabris d'Héry se déroule au milieu du 18ème siècle, alors que le Chéran, réputé aurifère, est au cœur des convoitises : en effet, on dit qu'il se charge de paillettes et de pépites en traversant une caverne souterraine tapissée d'or.
En 1756, quelques habitants d'Héry et des environs, épaulés par un abbé de Grenoble, avides de posséder l'or de la caverne, décident d'invoquer le diable pour qu'il leur indique l'emplacement de la précieuse grotte. Ils avaient acheté à Genève, les livres du mage Cornélius Agrippa et avaient fait venir à Héry le mystérieux Louis Gilibert qui se faisait appeler l'Abbé et qui était en fait un faux curé.
A l'invocation, le diable accepta le pacte en échange du sacrifice d'un bébé baptisé. Les hommes de l'assemblée acceptèrent d'emblée, mais, une fois le diable parti, ils n'osèrent sacrifier un bébé. C'est ainsi qu'ils eurent l'idée de baptiser un petit cabri lors d'une messe noire, et de le présenter au diable à la place de l'enfant promis. A la seconde invocation du diable, celui-ci, qu'on ne berne pas si facilement, compris qu'on se moquait de lui et tua l'un des participants. Les autres eurent le temps de s'enfuir vers la France sans jamais connaître l'emplacement de la fameuse grotte.
Le lendemain, quand les villageois comprirent ce qui s'était passé, il décidèrent de porter plainte contre le diable au tribunal de Chambéry, lors de ce qui fût un des derniers procès en sorcellerie de France. Il eût lieu le 17 mars 1758, et les participants qui avaient invoqué le malin furent condamnés au bannissement, ainsi que le diable, qui ne se présenta pas mais fût aussi reconnu coupable ! Cette histoire tomba dans l'oubli mais les habitants d'Héry furent tout de même appelés «baptiseurs de cabris » pendant très longtemps...